Chevilles fines poignets fragiles, la démarche reste souple, seul le regard se brise et dérive en ombres chinoises sur la bouche et les traces encore fraîches, sur le corps à l’empreinte vive, et jusque dans la chambre où flotte le parfum des roses.Elle a fermé les yeux, tenté de retenir le souffle et les larmes, mais la vague a déferlé, vibrante de douleur et d’amour contenus.Il a caressé son visage, de ce geste originel qui l’a toujours si profondément troublé entre douceur et impudeur, puis l’a prise par la main pour la faire basculer sur ses genoux, elle s’est abandonné entièrement au bonheur fragile de se serrer de nouveau contre lui.Les yeux un peu perdus se regardent vraiment, les bouches se rejoignent pour ne plus se lâcher, les mains parcourent, enlacent, saisissent, connaissent tous les chemins.Il y a cette mémoire du moindre grain de peau, des pleins, des déliés, des courbes et des creux.Les corps eux, ne répriment rien, n’ont pas besoin de réapprivoiser, ils explorent un territoire à la fois étrange et familier, après l’éloignement et le chaos.Dans l’amour, il est là, avec elle, en elle, l’embrase de son désir, puis recommence, la prend une seconde fois, dans la jouissance victorieuse d’une sublime défaite.Mais dans l’absence, elle ne sait plus où ils sont, l’un et l’autre, trop paumés, trop brûlés.Elle ne veut pas s’égarer dans le silence mais y trouver un espace nu, une respiration.Il y a eu tant de douce fusion, d’enchantement et d’absolu entre eux, qu’elle ne sait pas faire autrement. La première rencontre, les premiers regards et les gestes qui en découlent imprègnent sans doute à jamais l’histoire.Elle sait qu’il se souvient, que les émotions anciennes sont toujours vivantes à l’intérieur mais différentes, désormais retenues, éparses, fragmentées, fluctuantes, en exil.Dans cette longue traversée souterraine, une lueur ici se révèle.Elle sait que son corps n’oublie rien et ne résiste pas même si le reste s’y refuse ou renonce.Elle sait que la musique existe toujours en filigrane.Elle ne regrette rien de ce goût retrouvé comme un éclat de lune dans la nuit.La lumière dans le clair-obscur demeure sur sa peau, y dessine un nouveau tatouage qui ressemble à son sourire, rayonnant et triste à la fois, un sourire qui ne sait pas mourir.Elle peut juste tenter de s’échapper, courir de toutes les forces qui lui restent, sans savoir où elle va, puisqu’elle a épuisé tous les terrains vagues, tous les no man’s lands, toutes les zones grises, alors où peut-elle encore aller, si ce n’est vers lui.
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Toutes ces filles qui vivent dans mon corps by Céline Renoux is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 France License.
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4 Comments
Léger comme la poussière dans le soleil, lourd comme le temps qui passe.
Beau moment d’abandon.
Baisers
merci Michel
Bravo Céline, c’est très fort…cela mériterait d’être développé je pense…
mots et des phrases, la prose et la poésie, des images et des visions se rejoignent dans un amalgame de sens et sens
………. …………….. ….. de toucher……………….
…………… Céline..brava