La poésie comme tu t’arraches à l’enfance les mains pleines de terre, à force de creuser, de retourner, de déterrer, tu ne sais plus très bien ce qui t’appartient, ce que tu as vécu, rêvé ou fantasmé.Ce que tu veux c’est laisser remonter à l’air libre, trouver ta respiration et le souffle aussi, pour tout envoyer très loin très haut, peu importe que ça s’emmêle ou se torde encore dans tous les sens.Ce qui violemment, par effraction, sans réduire le champ à la rime, bouleverse la donne, recèle autre chose que les mots trop jolis et trop froids pour exister vraiment.Ces mots sans fragilité ni impact, sans possibilité de transformation, juste alignés, aveuglés et figés comme des perles trop blanches, où manquent la chaleur et l’odeur de la peau.Tirer à bout portant, vouloir ce qui dans l’envers, à contre courant, s’y frotte, s’en approche, la fait mourir sur le champ sans graver sur la pierre.Parce-que c’est ici, dans ce qui se jette éperdument, dans ce seul mouvement, dans la chute, comme perdue dans l’immensité et l’opacité du fleuve, qu’elle est libre et vivante.On peut broyer, diluer, brûler, faire fondre, aucune importance, les mots sont déjà partis, n’ont jamais existé ou seulement dans l’instant, leur trace n’est pas réelle et ne peut s’incarner, reste l’empreinte, ses pigments colorés à l’intérieur de toi, ni l’encre qui s’efface ni la cendre emportée par le vent.Alors quitte à nager dans ses eaux et puisque tu n’y résistes pas, que c’est perdu d’avance, se laisser dériver, submerger, jusqu’à s’y noyer
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Toutes ces filles qui vivent dans mon corps by Céline Renoux is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 France License.
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3 Comments
C’est le premier des textes que je lit et je suis déjà très impressionné; quand l’auteur parle de »remonter à l’air libre, trouver (sa) respiration et le souffle aussi… » La cadence qu’il donne à sa prose incite à une lecture rapide, comme le discours d’une personne à bout de souffle … Le texte prend une belle dimension quand on le dit à voix haute, on le joue sans le vouloir, sans le savoir, avec un mélange de colère et de chagrin, comme l’aveu d’un secret trop longtemps incarcéré … J’aime beaucoup
merci..
AraAAragon l’a écrit: