Christophe Sanchez j’aime vraiment beaucoup ta plume alors j’ai simplement profité des jolis vases communicants de juin pour t’inviter ici Persona grata, en te remerciant pour ce très beau texte comme pour l’accueil chaleureux là-bas chez toi www.fut-il.net
Persona non grata ! C’est comme ça avec un air supérieur, le dédain coincé dans un sourire pleines dents que tu parlais d’elle, toi, la femme de grande vertu. Parce qu’elle, cette créature, disais-tu, il ne faut en aucun cas s’en approcher. Il faut l’éviter comme la peste, se méfier, c’est un animal invertébré, un serpent de l’enfer qui peut détourner du droit chemin tout jeune garçon pris dans ses crinolines. Vulgaire, elle est vulgaire, scandais-tu. Elle apostrophe, éructe et siffle sa perversité d’un venin toujours prêt à sourdre. Elle est capable de t’alpaguer au coin d’une rue, de serrer sa ganse à ton mollet, de te faire basculer sans salut, ni point de retour, la honte et le déshonneur à jamais suspendus sur ta tête.
Persona non grata ! Dans un roulis de paroles, tes yeux révulsés, l’opprobre léché sur tes joues, tu te vidais sur elle, sur sa désinvolture, sa trivialité et sa gouaille de mauvaise fille. Tant et tant que je ne voyais plus où trouvait la méfiance qu’il fallait s’accorder à prendre ; elle s’évaporait dans le flux de tes vilenies, se perdait dans l’exubérance de ta fronde. Des mots complexes, des phrases à rallonges ajoutaient du fiel à sa vie dissolue et moi, je te regardais, chien battu, ne comprenant pas quel mal aurait pu me faire cette femme à la peau laiteuse, au regard noir et si doux. Effet inverse, effet pervers, tout cela ravivait en moi la tentation de la persona non grata. Plus tu déblatérais, plus tu m’interdisais et plus je trouvais belle cette créature au crochet des portes rouges. Et l’envie soudaine puis permanente de me précipiter dans la rue, de courir vers elle, de monter derrière l’embrasure l’escalier haletant, de me blottir sans jugement et de gratter la persona.
Ce texte a été rédigé par Christophe Sanchez.
7 Comments
pauvre toi
« au crochet des portes rouges » …
Brigetoun > Ah ben non hein, il monte, il monte ! 😉
Kouki > j’étais sûr que tu t’arrêterais sur ces portes 🙂
ah oui gratter
jusqu’à la moelle
🙂
Je suis, toujours, surpris par les changements de style qu’est capable d’opérer Christophe Sanchez.
« Persona non grata », une mère, de haut lignage, possédant au moins trois mots de latin vitupère pour empêcher son fils de tomber dans le stupre.L’ire maternelle est telle que le garçon va de stupéfaction en stupre en action.L’écriture est vibrante, vivante . Le jeune homme est dans un premier temps, respectueux de sa mère quoique moqueur « toi la femme de grande vertu », il écoute , désarçonné, déconcerté, essaie de comprendre. Les éructations maternelles finissent pat lui apparaître comme des déblatérions à fuir , absolument. Fuir où ? Le désir se fait jour pour « cette femme à la peau laiteuse, au regard si doux ». La mère a excité une sensualité qui s’éveillait.. Là , où elle décrit l’enfer, il entrevoit un paradis avec une créature, le rêve de tout jeune homme.Il lui prend une envie permanente de courir vers « le crochet au porte rouge » haletant,éperdu, de franchir derrière l’embrasure l’escalier ,de se blottir et de gratter la persona. Il va faire tomber les masques, affronter la sexualité et découvrir la femme après avoir rompu le cordon maternel.Cette fin est empreinte d’une poésie fiévreuse, sensuelle,en diable avec une touche d’ironie finale qui donne un ton d’authenticité à l’histoire. Il est des ages où l’attrait des vases communicants est irrépressible, pour que la fleur soit attirante.
Désolé de la faute, il faut lire « pourvu que la fleur soit attirante »
Muriele > jusqu’au sang, s’il le faut 🙂
Patrick > faudrait un jour écrire sur la somme des irrépressibles car répréhensibles. Quant ici, quant aux vases, rien d’interdit mais que du grand plaisir.