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Une des filles qui vit dans mon corps s’est endormie quelque part, a du se paumer au creux du labyrinthe, je l’imagine tête en bas, jambes en l’air, sur un vieux sofa déglingué, couleur cramée, surface criblée.Elle mérite pas mieux la garce, sauf que c’est elle que je préfère.Il y en a d’autres à l’intérieur, je ne saurais dire exactement combien, finissent toutes par se ressembler, par coller au décor à force, elles profitent juste, se nourrissent des restes.De simples squatteuses, même pas invitées, des figurantes sous respiration assistée, n’ont pas la moindre idée de ce qui peut nous lier toi et moi.Quand je veux je débranche, mais bien trop faible en définitive pour les foutre dehors même si elles n’ont pas grand chose à dire.Et même si je ne remonte plus la mécanique de leurs jolis corps désarticulés, elles gazouillent encore un peu, je sais ça ne ressemble à rien et souvent j’ai envie de leur dire de la boucler, mais c’est comme un fond sonore, une musique d’ascenseur qu’on ne distingue plus, ça tient compagnie, ça assure l’intérim, parce-que moi je t’attends. Et depuis j’entends plus la guitare.Mais dormir aussi longtemps ça donne faim, alors j’espère qu’à ton réveil tu les dévoreras toutes, c’est léger, ça s’avale sur le pouce sans en avoir envie, c’est plus que light tu verras, t’en fais pas pour ta ligne.Et puis comme ça on y verra plus clair toi et moi, on pourra essayer de dégommer ce brouillard opaque qui nous colle à la peau depuis bien trop longtemps.A califourchon sur les branches, balance un peu les jambes, moi je monte le son, comme ça j’entends plus le battement, son accélération, ses dissonances et ses ruptures de rythme.Me cale sous la bataille de tes cheveux auburn avant de retomber, dégringole toi aussi, bancale avec le corps étreint, neutralise la douleur le temps de plastiquer.De toutes ces filles qui vivent dans mon corps, c’est toi ma préférée tu sais, parce-que tu n’as pas peur, tu balises pas, dans les deux sens du terme, même si tout ce désordre c’est complétement déroutant.Tu n’es pas vraiment belle, tu es plus que belle, parce-que jamais la même, qu’il y a cette chose indéfinie, infiniment troublante, fichée dans ton regard.Des yeux qui disent tout et leur contraire aussi, mais surtout ce qui doit basculer pour que rien ne se fige, alors moi cette vague, cet impact, je reçois cinq sur cinq.C’est vaste, un peu trop parfois, aucune paroi pour s’aggripper, y mettre les doigts c’est risqué, électrique et trop bleu ça bouleverse, tes rires se brisent de larmes et ta violence comme une allumette elle m’inquiète, mais j’entends sa caresse du plus profond qu’elle vienne.

2 Comments

  1. Voilà un texte profondément original dans sa respiration. Une belle découverte grâce à Christophe Sanchez.

  2. merci … oui elle pense à respirer quelquefois


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