Souvent je voudrais échapper à l’enfant que j’étais
mais il arrive toujours un moment où elle regagne le terrain perdu
j’ai beau accélérer pour qu’elle s’essouffle,
creuser la distance pour ne plus l’entendre,
elle finit chaque fois par me rejoindre
et moi par la reprendre
sans doute parce-qu’elle n’est pas finie,
que quelque chose très tôt s’est brisé,
a freiné la courbe et l’élan.
Je voudrais que le barrage cède
je voudrais pleurer un bon coup
j’écris simplement là où je voudrais pleurer.
J’écris où le sang s’écoule,
ruisselle le long des cuisses
j’écris du fond de l’enfance
et du creux de mon ventre
j’écris pour me rapprocher du point de vertige
J’écris sur l’ourlet brûlant de la bouche de l’enfant
j’écris parce-que j’ai décidé de perdre la mémoire
J’écris où il me faut sans cesse revenir
J’écris avec toujours ce mouvement de la mer
qui berce et gronde,
monte et redescend,
se jette pour mieux s’éloigner
j’écris lorsque les vagues sont trop grandes
j’écris pour être moins terrifiée
j’écris parce-que tu ne m’as pas dévorée entièrement
j’écris depuis l’intérieur du labyrinthe
j’écris du fond de mes poches trouées
par poignées de silence
j’écris sur la trame usée du jean
où l’encre bleue pâlit.
J’écris parce-que je suis mal faite
qu’il y a des vices de forme
un défaut d’origine
-
Toutes ces filles qui vivent dans mon corps by Céline Renoux is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 France License.
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8 Comments
Écrire fait mal parfois mais le fait de coucher les mots, de les jeter dans l’univers, ça sort les voix de ma tête…donc c’est aussi un soulagement. Vous avez une si belle voix!
Oh merci !
Pas de quoi!
c’est un début d’aventure. les mots ont cela de fort;ils n’ont aucune de limite de destination.
texte très beau, éminemment sensible, tombé dessus un peu au hasard, comme un oiseau blessé sur le bord d’un chemin. Dès les premières lignes, on sent qu’une histoire se raconte, qu’il se produit quelque chose, que la voix est sincère, que nous sommes dans quelque chose de vrai, de valable. De froid, de métallique, de sombre, mais de vivant.
Je suis impressionné par votre poème, sa violence et sa souffrance. Des images fortes et surprenantes qui font la chair de ce qu’on appelle poésie. Je découvre votre blog grâce à une certaine Marie-France que vous connaissez sans doute(!)
Je m’inscris sans hésiter!
ta poésie psychanalytique est du plus bel effet Céline.
bise theo
Je vous ai entrevue sur pointcommun et maintenant je vous lis à travers the deep velvet night, obscure clarté tombée des étoiles du net où ne transparaît jamais que le simulacre de ce qui fut et demeure. « There is a crack in evrything, that’s how the light gets in chante Cohen et vous y faites écho,tenue à l’impossible,je veux dire au raté où ont lieu les rencontres. Votre nom, nouveau lien qui insiste, dit votre quête têtue d’être à jamais déçue,comment vous confier le sentiment complice du désatre infini du désir et du vertige de tomber dans un amour sans fond ?